Identifier la source d’une information
Qu’est-ce qu’une « source » dans le jargon journalistique ? Il s’agit tout simplement de l’origine d’une information. Le terme peut désigner une personne, un document, une organisation… Une source permet donc de renseigner un journaliste. Celui-ci peut choisir de la mentionner ou de ne pas le faire s’il estime qu’elle doit être protégée. La source constitue un élément essentiel pour s’assurer de la fiabilité d’une information. Il est nécessaire de l’identifier. En d’autres termes, il faut absolument savoir d’où vient une information avant de la prendre pour argent comptant.
Sources primaires et sources secondaires
Il existe deux types de sources : primaires et secondaires.
Les sources primaires donnent un accès direct au sujet. Il peut s’agir d’un témoin, d’un enregistrement audio ou vidéo, d’une photographie, d’un document écrit, d’une loi, de données statistiques, d’une interview, d’archives, d’un compte rendu…
Par exemple, lorsqu’est annoncée la liste des joueurs de l’équipe de France de football pour un tournoi, la source d’information est généralement le sélectionneur. Il s’agit bien d’une source directe, puisque choisir des joueurs fait partie des fonctions de cette personne.
Autre exemple : pour rédiger son livre Les Fossoyeurs, qui met en cause les méthodes de gestion d’établissements accueillant des personnes âgées dépendantes, le journaliste Victor Castanet s’est appuyé en grande partie sur les témoignages de personnes travaillant dans ces établissements. On peut dès lors définir ces personnes comme des sources primaires.
Les sources secondaires analysent, interprètent et restituent des informations provenant de sources primaires. Elles sont donc indirectes. Il peut s’agir par exemple d’une personne relayant les propos d’une source primaire, d’un expert qui commente une situation, etc.
Par exemple, l’INSEE est bien souvent en France la source primaire d’une information à caractère économique. Un économiste qui analyserait l’une de ces informations serait alors considéré comme une source secondaire. Les sources secondaires constituent un apport précieux : elles permettent de mettre une information en perspective, de la replacer dans un contexte, etc.
Par exemple, lors des attentats du 11 septembre 2001, toutes les vidéos filmant les avions qui s’écrasent sur les tours du World Trade Center sont des sources primaires. Les spécialistes qui se sont ensuite exprimés sur Al-Qaïda et ont donné des précisions sur l’organisation terroriste sont des sources secondaires.
On prendra soin de noter que les réseaux sociaux ne sont pas des sources d’information au sens journalistique du terme : tout le monde peut y diffuser des informations. La source ici sera le compte de la personne qui produit, partage et commente l’information.
L’importance de la source d’information
Identifier une source d’information permet de mesurer la fiabilité de l’information en question. Cela est vrai pour tous les types d’information et tous les supports qui permettent de la diffuser. Par exemple, un média australien a repéré que l’entreprise Adobe a vendu de fausses images du conflit entre Israël et le Hamas : celles-ci ont été générées par une intelligence artificielle. Au préalable cependant, ces images ont été partagées et relayées sur les réseaux sociaux… chose qu’une vérification préalable aurait permis d’éviter. Cela est d’autant plus important que les fake news peuvent désormais se répandre très facilement via les réseaux sociaux, et qu’elles sont parfois créées et propagées de manière volontaire.
Comment s’assurer qu’une information est vraie et vient d’une source fiable ? Le journal Le Monde donne plusieurs conseils :
- Identifier l’auteur du message. S’il s’agit d’un site ou d’un internaute dont on n’a jamais entendu parler, il faut se montrer prudent. Et attention : le fait qu’une information vienne d’un média connu ou d’une personnalité publique ne garantit pas forcément sa véracité. Un journaliste – même de bonne foi – peut se tromper, une personnalité publique peut mentir, etc.
- Partir du principe qu’une information glanée sur un réseau social a de grandes chances d’être fausse si elle ne provient pas d’un média ou d’un journaliste reconnu.
- Prendre le temps de vérifier si d’autres médias relaient cette information. Si c’est le cas, et si ces médias citent eux-mêmes différentes sources, elle est probablement avérée.
- Se méfier si une information est particulièrement surprenante ou incongrue (“Beaucoup de gens ne connaissent pas cette astuce…”).
En revanche, il faut aussi prendre en considération le fait qu’un journaliste peut choisir de ne pas donner le nom de sa source et de se contenter des expressions d’usage (« dans l’entourage de », « selon une source proche de »). En effet, cela est parfois nécessaire pour protéger la source en question, comme mentionné par la Charte de Munich : c’est le cas par exemple pour les lanceurs d’alerte. Sans aller jusque-là, de nombreuses sources demandent à garder l’anonymat, notamment pour ne pas avoir d’ennuis avec leur hiérarchie ou tout simplement éviter de se mettre en avant. Ainsi, les journalistes diront ou écriront souvent “selon une source policière”. Le fait de ne pas connaître le nom de la source dans ces cas-là ne remet pas en cause la véracité de l’information.
Enfin, précisons en conclusion que nulle source n’est infaillible. C’est ce que souligne Le Monde dans l’article évoqué plus haut : “Dans leur travail, les journalistes essaient de multiplier les sources des informations, en essayant de faire en sorte qu’elles soient les plus directes possible, pour les vérifier. Il est important de le faire car plusieurs sources, même primaires, peuvent donner des éléments contradictoires et des précisions sur un même événement.”
Et de conclure : “On peut donc accorder d’autant plus d’importance à une information qu’elle donne des éléments venant de sources variées et identifiées.”
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