La hiérarchisation de l’information par les médias
Face à un flux continu d’informations, chaque média doit procéder à des choix. Lesquelles seront prioritaires ? Lesquelles seront secondaires ? Lesquelles ne seront tout simplement pas traitées ? Cette hiérarchisation de l’information est effectuée selon des critères propres à chaque média.
Qu’est-ce que la hiérarchisation de l’information ?
Selon le réseau Canopé, la hiérarchisation de l’information correspond à la sélection et au classement des informations effectué par un média. Un journal, une chaîne de télévision, une radio… ne peuvent traiter de tout et n’ont pas vocation à le faire. Ils font donc régulièrement des choix concernant :
- les informations qui seront diffusées ;
- l’ordre dans lequel elles seront diffusées ;
- l’importance accordée à chaque sujet.
Ce classement est souvent opéré lors de la conférence de rédaction, qui désigne la réunion régulière des journalistes au sein d’un média.
Les informations diffusées
Parlera-t-on du tremblement de terre qui a secoué un pays d’Asie ? De la montée ou de la baisse du chômage en France ? De l’inflation ? D’une manifestation ? Certaines informations seront évoquées, d’autres pas.
L’ordre de diffusion
Une fois que l’on s’est mis d’accord sur les sujets à traiter, il est nécessaire de savoir sur lesquels on insistera plus particulièrement. Lequel fera la une du journal ? Lequel sera diffusé en premier lors du journal télévisé ?
L’importance de chaque sujet traité
Enfin, il convient de déterminer quelles informations seront plus particulièrement mises en avant. Un sujet spécifique fera-t-il l’objet d’un reportage ou d’une enquête ? Créera-t-on une infographie pour mettre en avant certains éléments ?
Sur quels critères repose la hiérarchisation de l’information ?
En matière de hiérarchisation de l’information, chaque média fait des choix qui lui sont propres. Ceux-ci dépendent d’un certain nombre de critères.
Le format du média
Une chaîne de télévision, un journal quotidien ou une revue spécialisée ne font évidemment pas les mêmes choix dans le classement et la présentation des informations.
Prenons l’exemple du 12 juillet 1998 : un grand nombre de médias ont choisi de mettre en avant la finale de la coupe du monde de football entre la France et le Brésil. Toutefois, tous n’ont pas accordé la même importance à ce sujet et ne l’ont pas traité de la même manière.
- Le journal L’équipe a consacré plusieurs dizaines de pages au sujet (décryptage des compositions, des forces et faiblesses de chaque équipe, entretiens avec des spécialistes).
- Plusieurs chaînes de télévision ont fait un “focus” sur les ultimes entraînements des joueurs.
- Les journaux locaux ont mis en avant plus spécifiquement les joueurs évoluant dans les clubs proches.
- Des revues spécialisées dans d’autres thématiques ont fait le choix de ne pas traiter le sujet, ou d’en traiter un angle spécifique par exemple économique ou social
La ligne éditoriale
Il s’agit également d’un critère déterminant. Deux médias au format identique peuvent faire des choix très différents en fonction de leur ligne éditoriale. Celle-ci correspond peu ou prou aux valeurs défendues par un média et à ses orientations politiques et idéologiques. Dans ce cadre, le ou les propriétaires du média et les annonceurs disposent d’une influence certaine.
Le contexte et les préoccupations
Selon l’époque et le contexte, les préoccupations varient considérablement, et les choix des médias également. Les exemples ne manquent pas. En période de forte récession économique, les médias sont plus prompts à décrypter les mesures permettant de lutter contre le chômage ; l’élection du Président de la République donne lieu à une focalisation de la part de nombreux journaux, radios et chaînes de télévision, etc.
La proximité géographique
Les médias français dits “généralistes” ont tendance à parler en priorité des affaires du pays. Ils évoquent éventuellement ce qui se passe ailleurs en Europe. L’actualité des États-Unis peut également être passée au crible, eu égard au poids économique, politique et culturel de ce pays. Pour de nombreux médias, le reste du monde n’est évoqué qu’en cas d’événement particulier, spectaculaire ou dramatique. La presse quotidienne régionale se focalise évidemment sur le territoire dont elle couvre l’actualité : une information nationale peut être traitée, mais la priorité est souvent donnée aux événements locaux.
La proximité temporelle
Un média fait généralement le choix de traiter en priorité l’actualité immédiate. Ainsi, un événement spécifique peut bouleverser l’ordre des informations initialement établi en conférence de presse. Par exemple, la mort de personnalités comme Jacques Chirac ou la reine Élisabeth II ont entraîné des modifications conséquentes dans le programme des chaînes d’information et les unes des journaux quotidiens, hebdomadaires et mensuelles.
Le “temps médiatique”
L’actualité immédiate a une incidence certaine sur la hiérarchisation de l’information qu’opèrent les médias. C’est également le cas du “temps médiatique”, que l’on pourrait définir comme la nécessité, pour les journalistes, d’aller vite et de se concentrer sur des grands sujets… cela, parfois, au détriment d’événements considérés comme “secondaires”. La concurrence des grands médias – notamment en ligne – accentue ce phénomène.
La proximité affective
Tous les médias ont une “cible” de prédilection. Ainsi, ils choisissent de traiter certains sujets plutôt que d’autres, estimant que cela plaira davantage au public qui les suit.
D’autres critères à prendre en compte
La hiérarchie de l’information peut également dépendre d’autres critères, tels que la personnalité du rédacteur en chef ou la sensibilité d’un journaliste traitant un sujet.
La hiérarchisation de l’information en question
Notons pour terminer que la hiérarchisation de l’information est bien souvent au cœur de débats, voire de polémiques. Il peut fréquemment être reproché aux médias leurs choix dans le classement de l’information. Ainsi, le 4 novembre 2022, Reporterre publiait un article intitulé : “Médias et politiques se fichent du rapport du GIEC.”
L’auteur de l’article critiquait le fait que le rapport du GIEC n’avait selon lui pas fait l’objet d’un examen suffisamment attentif de la part de la presse. Et de préciser : “Si certains titres de presse écrite (Le Monde, Libération, Médiapart…), ont consacré au rapport de longs articles de décryptage, le jour de sa sortie, le 28 février, les journaux télévisés n’ont pas montré le même intérêt. La publication du document n’a tout simplement pas été évoquée sur TF1 et M6. Sur France 2 et France 3, les journalistes se sont contentés de le mentionner rapidement.”
En conclusion, on précisera que la hiérarchisation de l’information dépend de la structure, de l’organisation et de la ligne éditoriale de chaque média, mais aussi du contexte social, politique et économique. Cette hiérarchie peut être modifiée s’il survient un événement jugé important. Enfin, le public est toujours susceptible d’apporter un regard critique sur les choix opérés par les médias.
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