À l’instar des institutions, les entreprises jouent un rôle dans le paysage médiatique. En effet, elles produisent et diffusent du contenu informationnel, notamment via leurs sites Internet ou leurs réseaux sociaux. Il peut s’agir d’une source intéressante quand elle vient en complément d’autres sources sur certains sujets d’actualité. 

Les entreprises produisent et diffusent du contenu informationnel… 

Les entreprises mettent très régulièrement en avant leur actualité ou celle de leur secteur d’activité. Certaines marques sont reconnues dans ce domaine. C’est le cas de Nature et Découverte ou Maisons du Monde qui communiquent essentiellement via leurs blogs d’entreprise. Leur objectif est de proposer des articles, des reportages, des vidéos et toute sorte de contenus pouvant s’apparenter à un média. 

Autre exemple : Red Bull produit et sponsorise énormément de contenu lié à l’actualité des sports extrêmes, notamment grâce à sa plateforme Red Bull Media House. L’entreprise possède également un magazine, une chaîne télé, un festival de musique, une application et diffuse plus largement de l’information sur de multiples supports digitaux. 

De manière générale, les contenus produits par les entreprises et la communication qu’elles déploient permettent d’obtenir de l’information : on peut connaître grâce à cela la date de sortie d’un film ou d’un jeu vidéo, les caractéristiques d’un bien ou d’un service spécifique, les innovations dans tel ou tel secteur d’activité, l’avis d’un dirigeant sur un point d’actualité, etc. 

Dans une autre mesure, les publications des entreprises peuvent également servir d’indicateurs économiques. 

On peut s’informer sur le chiffre d’affaires de telle ou telle société, les résultats annuels d’un grand groupe et ses perspectives de développement, les conséquences d’un plan de sauvegarde de l’emploi et d’une reprise en cas de difficulté, etc. Tout cela est susceptible de nourrir l’actualité économique, sociale et politique. 

… mais les entreprises n’informent pas : elles communiquent 

Il faut cependant prendre garde à ne pas se contenter de ce qui est produit et diffusé par les entreprises en matière d’information. Tout d’abord, ces contenus ne sont pas écrits ou réalisés par des journalistes mais par des professionnels de la communication. Ceux-ci ne sont pas tenus au cadre de la déontologie. 

Par ailleurs, leur premier objectif n’est pas d’informer comme le ferait un journaliste. Rappelons qu’une entreprise cherche à être rentable et à faire des bénéfices. Les moyens qu’elle déploie en matière de communication servent d’abord ses propres intérêts : visibilité, notoriété, désirabilité, attractivité permettant de recruter plus facilement, etc. 

Derrière chaque opération de communication, il y a une stratégie visant à favoriser les intérêts de l’entreprise, même si cela peut paraître indirect. 

Ainsi, même les informations diffusées par Nature et Découverte et Maison du Monde servent des objectifs marketing : en diffusant des articles et des vidéos relatifs à leur secteur d’activité, ces deux entreprises se font connaître et apprécier du grand public. A minima, elles tentent de sensibiliser de potentiels acheteurs. Cette démarche est celle d’un publicitaire et non d’un journaliste : ce dernier en effet, n’a pas pour objectif de générer in fine la vente d’un produit ou d’un service spécifique. Une entreprise s’efforce de suivre les tendances du moment pour vendre. Ainsi, de l’aveu même de l’un de ses responsables, Coca Cola prend en compte la “génération Instagram” pour exister sur les réseaux sociaux. 

Enfin, précisons que les documents qui sortent d’une entreprise et ayant vocation à être publics sont toujours travaillés de telle manière qu’ils servent les intérêts de la dite-entreprise ou, du moins, ne lui portent pas préjudice. Ainsi, une entreprise ayant obtenu de mauvais résultats économiques pourra les présenter en insistant plus particulièrement sur les points positifs, cela afin de rassurer les actionnaires et les investisseurs. Là encore, on n’est pas dans une démarche d’information au sens journalistique, mais plutôt de communication. 

Les entreprises peuvent parfois masquer la vérité 

Il faut noter également que les entreprises ont parfois tout intérêt à ne pas parler de certains sujets. Ainsi, l’entreprise Total préfère communiquer sur ses efforts en matière de développement durable que sur certaines de ses activités de forage. De même, lorsque les géants du luxe délocalisent une partie de leur activité dans les pays émergents, ils évitent généralement de le mettre en avant. 

Autre exemple : l’entreprise Coca Cola, évoqué plus haut, ne parle évidemment jamais de certaines controverses qui la concerne, en particulier des accusations de meurtres de syndicalistes et de violences dans l’une de ses usines en Colombie, du lobbying politique en France, des liens supposés avec des usines chinoises ayant recours au travail forcé, du pompage de nappes phréatiques ou encore des soupçons de toxicités dans certains de ses produits. 

Mettre en lumière ces faits et de ces pratiques demeure l’apanage… des journalistes ! Ce sont eux qui révèlent les scandales du monde économique ou les explicitent. À cet égard, l’affaire Volkswagen est emblématique. De 2009 à 1025, cette entreprise a utilisé différentes techniques pour réduire de manière frauduleuse les émissions polluantes de certains de ses moteurs. La presse avait alors parfaitement joué son rôle pour informer le grand public. 

Conclusion : la presse demeure indispensable 

Il est donc impossible de s’informer uniquement via la communication des entreprises. Si celles-ci produisent de facto des contenus informationnels, elles ne cherchent pas en premier lieu la vérité et la restitution d’une information complète et honnête. Il existe bien entendu d’autres organisations privées – les associations, certaines entreprises sociales ou à mission… – qui ne sont pas mues que par des seuls intérêts financiers et qui peuvent donc communiquer à d’autres fins comme celle du plaidoyer. Néanmoins, il reste indispensable de lire la presse et de s’informer via les médias traditionnels.