Le biais des normes sociales

11 avril 2025

Parmi les biais cognitifs qui affectent notre jugement et notre perception de l’information, on trouve le biais dit “des normes sociales”. De quoi s’agit-il exactement ? 

Tout simplement, un individu est influencé par son milieu social. Ses analyses et ses réactions sont en partie conditionnées par des apprentissages préalables, conscients ou non. Cela l’amène à reproduire le comportement des personnes présentes dans ce milieu, y compris en matière d’information. En effet, nous avons tendance à privilégier la pensée collective, les opinions évoquées par la majorité, perçues comme étant les meilleures. 

Ainsi, un individu né à Paris et ayant des parents médecins n’aura pas le même vécu qu’un individu né de parents ouvriers dans une ville de province : fréquentations, activités culturelles et sportives, lectures… tout cela diffère de manière assez radicale entre ces deux personnes. Il en résulte aussi des attitudes différentes face à l’information. 

Le biais des normes sociales pousse au conformisme, y compris celui de la pensée 

Dans ce cadre, on peut supposer que des différences s’appliquent même si l’on considère des environnements sociaux proches. Par exemple, au sein d’une même université, il est probable que des étudiants en droit, en lettres et en sciences n’aborderont pas les mêmes comportements et n’auront pas les mêmes avis face à l’information. 

Ainsi, une réforme économique annoncée par le gouvernement pourra faire l’objet d’un accueil positif ou négatif, une victoire française en coupe du monde pourra être célébrée ou non, une déclaration politicienne pourra susciter l’adhésion, le rejet, le mépris… selon le groupe social auquel on appartient. 

Ce biais est renforcé par notre envie de « bien faire » ainsi que par l’image que l’on souhaite donner de soi-même. En d’autres termes, même si un individu n’appartient pas à un milieu sociale spécifique, il est probable qu’il cherche à y faire bonne impression s’il l’intègre : cela conditionne son rapport à l’information. 

Une bulle informationnelle 

De cela, que faut-il retenir ? D’abord que nul n’échappe à ce conditionnement social : toutes et tous, nous sommes influencés par notre famille, nos amis proches, notre environnement. Cela contribue à structurer notre système de pensée et notre rapport à l’information… de manière durable. En effet, il est complexe de remettre en cause tout ce “système de valeurs” : celui-ci constitue en quelque sorte un “logiciel interne” propre à chacun d’entre nous.  

Ensuite, il nous faut prendre conscience que ce biais des normes sociales peut parfois nous conduire à nous enfermer dans une “bulle” en ce qui concerne l’information. En effet, en évoluant dans un environnement social spécifique, nous adoptons ses codes, mais aussi ses sources d’informations… bien souvent sans en chercher d’autres, ou en adoptant ce qui convient au groupe auquel nous appartenons. 

À titre d’exemple, on peut imaginer qu’au sein d’un environnement identifié comme très conservateur, il sera mal vu de lire un journal “de gauche”. À l’inverse, dans un milieu identifié comme progressiste, c’est la lecture d’un journal “de droite” qui sera mal vue. Le biais des normes sociales contribue ainsi à nous couper de certaines sources d’informations et de certaines opinions. 

Et les réseaux sociaux dans tout cela ? 

Le biais des normes sociales s’applique également sur les réseaux sociaux. Là aussi, nous restons le plus souvent dans un “entre-soi”, en interagissant avec des personnes qui nous ressemblent et dont nous partageons les avis et les opinions. Or s’informer à travers ce que partagent ses « ami·e·s » ou autres « followers » conduit également à s’enfermer dans une bulle informationnelle, sans découvrir de nouveaux sujets ou points de vue. 

Le National Goegraphic résume ainsi la situation : “L’internaute est donc condamné à naviguer à vue dans un monde complaisant : rien ne vient déranger ses a priori, qu’il s’agisse d’opinions politiques, de goûts cinématographiques, d’engagement associatif, d’opinions philosophiques ou de croyances religieuses.” 

Pour éviter autant que possible cet “enfermement”, il convient donc de conserver en toutes circonstances son esprit critique et de faire preuve de curiosité dans son rapport à l’information.  

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