L’info-anxiété et la fatigue informationnelle

24 avril 2025

Selon le site AMELI (assurance maladie), l’anxiété se caractérise par “une peur intense et durable pour des situations ou des objets bien définis” et par “une appréhension douloureuse et angoissante d’un danger précis ou vague et incertain”. Le site ajoute la précision suivante : “La personne souffre d’inquiétudes et de ruminations diverses concernant l’avenir, le travail, la santé, les proches, l’argent ou pour de petites choses matérielles. Elle élabore des représentations menaçantes.” Enfin, il est indiqué qu’une personne souffrant d’anxiété adapte ses comportements de manière à éviter les situations qui, pour elle, sont susceptibles de générer du stress.  

L’information peut-elle être à la source d’anxiété ? Cela peut sembler difficile à concevoir, et pourtant ce phénomène existe bel et bien. Il serait même en augmentation. Selon un article de France Inter, il aurait pour cause “un déluge permanent d’informations anxiogènes”, mais aussi le fait que nous y soyons soumis via une multitude de supports et de canaux différents (smartphones, ordinateurs, radio, télévision…). 

Des études pour préciser et mesurer cette réalité 

L’article précise que, selon une étude de l’Obsoco, d’Arte et de la Fondation Jean-Jaurès, un Français sur deux serait touché par une forme de fatigue informationnelle, “avec en ligne de mire la difficulté à transformer l’actualité en connaissance.” Cette étude met en avant le fait que “53 % des Français […] disent souffrir de fatigue informationnelle, dont 38 % – plus d’un tiers donc ! – en souffrent « beaucoup ».” 

Qui sont donc ces personnes fatiguées de l’information ? L’étude donne quelques précisions sur ce point : “En moyenne, rien ne semble fondamentalement distinguer les plus fatigués du reste de la population. Leurs usages apparaissent sensiblement similaires aux autres. Ils consultent à peine plus de médias (8,6 pour 8,3 au total), sont légèrement plus habitués aux réseaux sociaux (65 % pour 61 % de l’ensemble) et aux médias numériques en général (par exemple 13 % écoutent des podcasts d’information pour 9 % de l’ensemble des Français).” 

L’étude précise cependant que “le lien entre la fatigue informationnelle, la santé (les risques psychosociaux) et le bien-être est patent. Les personnes souffrant de fatigue informationnelle souffrent aussi plus que les autres de stress, d’anxiété, de déprime, de dépression ou d’addiction.” 

Parmi les raisons du désengagement vis-à-vis de l’information, on trouve en premier lieu : 

  • Les débats trop polémiques et agressifs 
  • Le manque de fiabilité des informations 
  • L’impact négatif sur le moral 
  • Le manque d’intérêt 
  • Le fait de se sentir impuissant face aux événements 

Face à la surabondance d’information, l’étude note qu’un grand nombre de personnes met en place des stratégies d’évitement ou de modération : “53 % des Français disent qu’il leur arrive de désactiver les notifications de leur téléphone portable, dont plus d’un quart (27 %) régulièrement. En outre, 30 % se forcent parfois à ne pas allumer la télévision, 27 % surveillent leur temps d’écran. Autre façon de reprendre le contrôle : 12 % déclarent consulter des sites de fact-checking.” 

Sans surprise, les personnes qui se disent les plus “fatiguées” par l’information sont celles qui mettent le plus en place ces stratégies : “77 % de Français déclarent qu’il leur arrive de limiter ou de cesser de consulter les informations, dont 28 % régulièrement. Et c’est le cas de 90 % des plus fatigués.” 

D’autres études, comme l’édition 2022 Digital News Report de l’Institut Reuters, confirment ce phénomène qui n’est pas seulement français, mais mondial. 

Des stratégies pour éviter l’info-anxiété  

Que faire pour éviter cette situation ? D’abord se souvenir que l’anxiété est une problématique médicale et qui peut nécessiter l’intervention d’un professionnel de santé. Il est cependant possible de mettre en place des pratiques pour ne pas ressentir de lassitude ou de fatigue. Une pratique éclairée de l’information demeure en effet essentielle pour jouer pleinement son rôle de citoyen au sein de notre société. 

  • Ritualiser les moments où l’on s’informe. Il peut être efficace de couper les notifications et de choisir le moment où l’on s’informe. On peut aussi choisir le cadre et le lieu, afin de ne pas se sentir oppressé. 
  • Réguler son temps d’exposition à l’information. Il peut également être efficace de limiter dans le temps la consultation de l’information et de concentrer son attention sur des émissions ou des médias fiables. Ainsi, on “consomme” moins, mais mieux. 
  • Ne pas tomber dans la sidération. Il convient de ne pas céder aux sirènes du sensationnalisme et de tenter de comprendre les tenants et aboutissants d’un événement.  
  • Changer de support si nécessaire. Les vidéos et les photos pouvant être violentes, choisir la radio ou lire la presse peut réduire le caractère émotionnel d’une actualité. 

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