Le biais de confirmation
Définition du biais de confirmation
Le biais de confirmation – ou “biais de confirmation d’hypothèse” – est un mécanisme cognitif qui pousse un individu à privilégier les informations qui confirment ses idées préconçues, ses hypothèses ou ses préjugées. La personne concernée sélectionne alors – souvent de manière inconsciente – les informations qui confirment ses opinions, ses croyances, sa position première. En d’autres termes, nous sommes toutes et tous susceptibles de “bondir” sur les informations qui nous “arrangent” et de fuir les autres.
Notons que ce mécanisme est l’un des nombreux biais cognitifs susceptibles d’affecter l’esprit humain. Il en existe d’autres : biais des normes sociales, biais du messager, biais de corrélation…
Causes possibles
On peut supposer que, comme les autres biais cognitifs, ce mécanisme résulte du fonctionnement du cerveau : celui-ci déforme les signaux, les messages, les images qu’il reçoit parce qu’il doit traiter quotidiennement de très nombreuses informations. Cette “classification” serait donc nécessaire pour lui permettre de fonctionner correctement.
De nombreuses expériences menées à partir des années 1960 permettent de supposer par ailleurs que, même en cas de recherche sur un sujet, les individus ont tendance à se baser sur leurs propres croyances et cherchent avant tout à confirmer les hypothèses qu’ils ont en tête sans en envisager de nouvelles.
Cela fait écho avec ce que certains nomment la “pensée paresseuse”, biais universel et reconnu par la science qui fait que nous agissons selon nos intuitions sans les remettre en question. Elle est ainsi en concurrence avec notre rationalité. Notre objectif est donc de favoriser notre être rationnel plutôt que nos raisonnements intuitifs.
Cela peut être lié à la complexité de l’information : l’esprit préfère “fuir” cette complexité et s’en tenir à ce qu’il considère comme “acquis”. Selon un article des Échos sur le sujet : “Face au nombre considérable d’informations que nous gérons quotidiennement, l’être humain, par souci de facilité et de temps, va privilégier les informations « confortables », qu’il peut gérer, comprendre.”
L’article ajoute que “la remise en question nécessite forcément un changement de point de vue, l’appréhension de l’inconnu. Cela met en danger la confiance que l’on a en quelque chose, qui pourrait alors bouleverser (par effet domino), l’intégralité de nos croyances.” En somme, le biais de confirmation contribuerait à maintenir en place notre équilibre de pensées.
Conséquences
Le biais de confirmation peut mener à de véritables erreurs dans tous les domaines et dans tous les secteurs. Ainsi, dans un article intitulé Le biais de confirmation en clinique, trois chercheurs font état de l’expérience menée par David Rosenhan aux États-Unis en 1973. Celle-ci permit de montrer que des personnes saines d’esprit pouvaient se faire admettre en hôpital psychiatrique en dépit de comportements normaux et, qu’à l’inverse, il était possible de faire croire au personnel médical que certains patients réellement malades ne l’étaient pas. Ces réactions démontrent l’effet d’un biais de confirmation : les admissions ou les refus d’admission se basent d’abord sur ce que le personnel médical s’attend à voir et à entendre.
L’article des Échos mentionné plus haut rappelle par ailleurs que le biais de confirmation peut conduire notamment :
- à ne pas recruter une personne pourtant compétente parce qu’elle ne “colle” pas avec l’idée que l’on se fait du poste (par exemple une personne jugée trop excentrique),
- à se brouiller avec une personne ne partageant pas ses convictions,
- à s’empêcher d’évoluer au sein d’une entreprise parce que l’on ne s’en considère pas capable.
Biais de confirmation et information
Le biais de confirmation impacte pleinement la manière de s’informer. Par exemple, une personne dite “de droite” et spontanément favorable à un gouvernement qui intervient peu dans l’économie du pays ne lira pas des articles de presse traitant des bienfaits de l’interventionnisme. A contrario, on peut supposer qu’elle consultera des informations vantant les mérites de l’économie de marché.
À cela peut s’ajouter désormais un “effet réseau social” : les algorithmes de Facebook, TikTok et consort, grâce aux données qu’ils collectent nous concernant, nous fournissent en priorité des informations allant “dans notre sens”, le but étant de nous garder le plus longtemps possible sur la plateforme. Il en résulte des bulles de filtre qui nous confortent dans nos certitudes.
Poussé à l’extrême, ce mécanisme peut amener une personne à s’attacher à des informations fausses, potentiellement complotistes, des fake news, etc. Or, pour les raisons évoquées plus haut, se défaire de ce biais est relativement complexe et suggère d’abandonner des croyances parfois solidement ancrées en nous. Évaluer de nouveaux éléments nécessite beaucoup d’énergie mentale, encore plus si les éléments en question sont contraires à nos opinions. Comme on l’a vu, le cerveau préfère “prendre des raccourcis”.
Ajoutons que le biais de confirmation est renforcé par celui de l’inertie, c’est-à-dire par notre difficulté à faire évoluer nos habitudes d’information, en consultant différentes sources par exemple. On aime rester dans sa zone de confort, on craint le changement à long terme. Un bon moyen d’échapper à ce biais est de chercher à réfuter notre hypothèse plutôt que de seulement rechercher les preuves de sa validité. Un autre moyen consiste à se forcer, au moins de temps à autres, à consulter de nouvelles sources d’informations.
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