L’origine des fake news
Que sont les fake news ? Ce sont des informations mensongères ou sorties de leur contexte. Elles sont délivrées dans le but de manipuler ou de tromper un auditoire, à des fins financières, politiques ou idéologiques. En français, elles sont également appelées “infox”. On peut aussi parler de désinformation. Les fake news se distinguent de la mésinformation, qui relève plutôt de l’erreur, du canular ou de la parodie : il n’existe pas dans ce cas d’intention malveillante ni de souhait de tromper un auditoire. Mais quelle est l’origine des fake news ?
Les fakes news dans l’histoire
Faisons tout d’abord un petit détour par l’histoire. On pourrait presque dire que les fake news sont vieilles comme le monde. Ainsi, dès le 4ème siècle avant Jésus-Christ, le stratège chinois Sun Tzu préconise d’user de désinformation chez l’ennemi afin de semer la confusion chez lui. Dans de nombreux cas en temps de guerre, les belligérants utilisent des méthodes de désinformation. Cela apparaît particulièrement au 20ème siècle, durant lequel les moyens de communication se développent et permettent d’influencer plus facilement l’opinion publique. Ainsi, des méthodes de désinformation sont notamment utilisées pendant les deux conflits mondiaux, la guerre froide, etc. Les conflits les plus récents ne sont pas en reste : la désinformation a notamment été utilisée dans le cadre des deux guerres du Golf.
Et on ne parle là que de désinformation orchestrée par un État. Or une fake news peut être créées par des blogueurs, des influenceurs, des médias, une institution spécifique, des personnalités politiques, voire de simples individus, et servir des objectifs très variés : diffusion d’un message politique, tentative de s’enrichir, tentative de se disculper, plaisanterie malveillante… La volonté de manipuler un groupe de personnes – voire l’opinion publique dans son ensemble – revient très souvent. Évoquons l’affaire Léo Taxil : à la fin du 19ème siècle, le journaliste et auteur Léo Taxil monte de toutes pièces une gigantesque supercherie visant à discréditer les loges maçonniques. L’auteur des faits évoqua ensuite une plaisanterie. Ces actions eurent cependant des conséquences bien réelles sur l’opinion.
Autre exemple : celui de l’affaire Dreyfus, durant laquelle certains membres de l’armée produisent de faux documents pour accabler le capitaine Alfred Dreyfus. C’est en l’occurrence certains membres d’une institution qui sont à l’origine d’une fake news, laquelle aura des conséquences sur un homme innocent, la classe politique de l’époque, la justice et l’opinion publique.
“L’industrialisation” des fake news
Depuis peu, la montée en puissance d’internet et des réseaux sociaux permet une diffusion plus facile et massive des fake news. À cela s’ajoute désormais l’intelligence artificielle et ses agents conversationnels. Qui en est à l’origine ? Parfois de parfaits anonymes, qui créent de fausses vidéos pour les monétiser et obtenir ainsi de l’argent grâce à la publicité. Parfois des politiciens qui tentent de se faire élire : l’ancien président Donald Trump est ainsi passé maître dans l’utilisation et la diffusion de fake news. Lors de la campagne contre Kamala Harris, il n’hésite pas à utiliser de fausses images de sa rivale. De même, évoquons le Brexit : une campagne de désinformation a eu lieu avant le vote. Les fake news peuvent également être le fait d’États, comme évoqué précédemment. Ainsi, selon le chercheur David Chavalarias, la Russie a tenté d’influencer plusieurs élections en France en agissant au moyen de la diffusion massive de fake news sur les réseaux sociaux.
Dans tous les cas, cela a des incidences : trompé, l’individu ou le public visé peut adopter un comportement qu’il n’aurait pas eu en d’autres circonstances. Cela est d’autant plus grave que certains individus ou organisations peuvent déployer désormais de grands moyens pour diffuser des fake news : usine à trolls, agence de désinformation, etc. Le scandale Cambridge Analytica a montré comment l’utilisation de données – frauduleusement acquises – a permis d’orienter les votes de certaines élections, dont les présidentielles de 2016 aux États-Unis.
Les conséquences de fake news et la manière de s’en prémunir
Selon une enquête BVA, 73 % des Français ont déjà été confrontés aux fake news et 24 % d’entre eux reconnaissent avoir déjà relayé une information avant de se rendre compte qu’elle était fausse. Cette même enquête indique que les fake news se propagent essentiellement via les réseaux sociaux, mais que les influenceurs, les personnalités politiques et même les médias traditionnels relaient de fausses informations.
L’éducation aux médias et à l’esprit critique est la meilleure réponse pour lutter contre les fake news et leurs conséquences : risque de tromperie, de manipulation, voire d’enrôlement et de radicalisation. Une bonne nouvelle cependant : l’enquête évoquée ci-dessus mentionne le fait que les fake news représentent un problème important pour 86 % des Français.
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