L’esprit critique : une nécessité pour s’informer sur les réseaux sociaux
Au cours des dernières années, les réseaux sociaux se sont largement imposés dans notre quotidien. Facebook, Instagram, Snapchat, Tik Tok… sont devenus des canaux permettant de suivre l’actualité. Mais, si s’informer sur les réseaux sociaux semble aisé, il faut avoir conscience que les possibilités d’information y sont limitées et orientées de façon insidieuse par des algorithmes, ainsi que par le design et le modèle économique des plateformes, nous enfermant dans une perception du monde.
L’importance des réseaux sociaux, en particulier chez le jeune public
Digimind rappelle qu’en 2023, 59,4 % de la population mondiale utilisait les médias sociaux au moins une fois par jour. En France, 85,9 % de la population (soit environ 45 millions de personnes) surfe quotidiennement sur internet et une très grande partie utilise par ailleurs les réseaux sociaux. Ainsi, toujours selon Digimind, un internaute français passerait environ 52 minutes par jour sur les réseaux sociaux et les messageries. Ce nombre s’élève à 2 heures 19 chez les 15-24 ans.
Facebook reste en tête des réseaux sociaux les plus consultés malgré une perte de vitesse au coirs des dernières années (les plus jeunes semblent à présent préférer Snapchat, Instagram et TikTok). Juste après Facebook, on trouve Whatsapp, Snapchat et Instagram, puis Messenger et TikTok.
Sans surprise, les réseaux sociaux constituent l’une des premières portes d’accès à l’information. Notons par exemple que Snapchat arrive très largement en tête du classement des sites les plus fréquentés pour accéder à l’information en France, selon l’OJD-ACPM. En ce qui concerne les plus jeunes, une étude de 2016 menée par le ministère de la Culture révèle que les 15-24 ans sont prompts à passer par les réseaux sociaux pour s’informer : 71 % le font de cette manière. Il est indiqué à ce sujet : “Les jeunes ont tendance à confondre le ton et le format avec les processus de fabrication de l’information. Ainsi, ils trouvent que les formats vidéo sont dénués d’intentions idéologiques à l’inverse des médias traditionnels. Le ton plus léger, plus souple est associé à un processus de fabrication plus libre.”
Ainsi, si l’intérêt pour l’information ne faiblit pas, les manières de s’informer ont évolué. Les réseaux sociaux ont pris une importance considérable et ils sont au cœur d’enjeux très conséquents en ce qui concerne l’information : en témoignent la décision du gouvernement français de bloquer Tik Tok en Nouvelle Calédonie dans un contexte politique tendu, et les inquiétudes générées par le succès inattendu de l’application Ten Ten.
Les dangers des réseaux sociaux pour l’information
Il faut être conscient que s’informer via les réseaux sociaux est une pratique qui n’est pas sans risque. Ces risques sont de diverses natures.
La propagation facilitée des fake news sur les réseaux sociaux
RCF le rappelle : une étude parue en septembre 2020 indiquait que 20 % des vidéos publiées sur Tik Tok contiennent des informations erronées. Les autres réseaux sociaux ne sont pas épargnés et les jeunes sont les premières victimes de cette mésinformation ou désinformation. Tik Tok invite même ses utilisateurs à regarder des vidéos complotistes.
Une chercheuse à l’université de Caen précise sur France Bleu : “Les jeunes s’informent surtout sur TikTok. Et là, effectivement, on ne sait pas qui est l’émetteur, on ne sait pas si ce sont des journalistes. Donc là ça peut poser problème, surtout actuellement dans le contexte, on voit quand même une prolifération de contenus haineux et de fake news. Et les fake news, c’est quand même un symptôme du délitement du débat public.”
Précisons aussi que les créateurs de fake news – qui sont parfois des personnalités publiques ou de véritables agences comme la “team Jorge” – utilisent massivement les réseaux sociaux pour arriver à leurs fins. À tout le moins, on peut donc affirmer qu’une information partagée sur un réseau social mérite donc d’être vérifiée et replacée dans son contexte.
L’orientation des algorithmes : le biais de confirmation et les chambres d’écho
Autre problème : les réseaux sociaux présentent aux internautes des informations allant dans le sens de ce qu’ils pensent déjà. Les algorithmes font en effet en sorte de confirmer les opinions, les croyances, les convictions premières… afin de maintenir leur public sur le fil de leurs actualités. Le biais de confirmation s’exerce et pousse à rester. Il en résulte un phénomène de chambre d’écho. Ainsi, consulter les informations via les réseaux sociaux, c’est prendre le risque de ne jamais se confronter à des avis différents, de ne jamais consulter d’article qui pourraient nous présenter la réalité sous un autre angle.
Cela est bien entendu particulièrement problématique pour une personne adepte de théories du complot, qui se trouvera confortée dans ses opinions. Mais ça l’est également pour tout internaute, qui peut passer à côté d’informations différentes (mais néanmoins potentiellement pertinentes) et réduire ainsi son champ d’analyse sur un sujet ou un autre.
Des sujets traités en surface et non en profondeur
Enfin, précisons que dans un certain nombre de cas, le format des réseaux sociaux ne permet pas un traitement en profondeur des sujets abordés. La “course au clic” peut mener, par exemple, à privilégier des formats courts, mais aussi à chercher à répondre absolument aux attentes du public. Des nouveaux médias comme Konbini ou Brut, par exemple, misent sur des sujets d’actualité traités de manière très courte. La qualité de l’information peut en pâtir. Elle peut aussi souffrir d’un manque de mise en perspective.
Pour toutes ces raisons, il s’avère crucial de vérifier les informations auxquelles on est confronté via les réseaux sociaux. Il est également très important de diversifier ses canaux d’information et de lire les journaux en version papier ou dématérialisée autant que possible… ou d’utiliser une application comme celle de be my media.
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