Biais cognitifs et information
Que sont les biais cognitifs ?
Les biais cognitifs, des automatismes nécessaires au fonctionnement de l’esprit humain
Les biais cognitifs sont des distorsions dans le traitement cognitif que l’information. Dit autrement, notre cerveau déforme les signaux, les messages, les images qui nous sont envoyés. Pourquoi cela ? Tout simplement parce qu’il doit traiter au quotidien des milliers d’informations. Il fonctionne donc par automatisme pour économiser de l’énergie et être en mesure d’assurer ses fonctions.
Biais individuels, biais de groupe
Certains biais affectent les individus. C’est le cas par exemple du biais de confirmation (détaillé plus bas), une tendance à privilégier les informations allant dans le sens de ce qu’on pense déjà. D’autres biais peuvent survenir lorsque l’on se trouve en groupe : ainsi, la tendance à se convaincre mutuellement que l’on prend une bonne décision.
Les différences entre biais cognitifs, émotionnels et technologiques
Notez qu’il existe par ailleurs des différences entre biais cognitifs et biais technologiques : ces derniers sont créés notamment par le fonctionnement des algorithmes (bulles de filtre, chambres d’écho). Ils se distinguent également des facteurs humains tels que le langage, les croyances, les habitudes, etc.
Il existe également des différences entre les biais cognitifs et émotionnels. En effet, les émotions, telles que la peur, la culpabilité ou encore la nostalgie sont de nature à “endormir” l’esprit critique. Elles peuvent jouer un rôle important dans la compréhension de certaines informations, ou dans leur diffusion par certains médias, qui privilégient la recherche du sensationnel à une information objective et complète.
Les biais cognitifs et l’information
Les biais cognitifs sont des réflexes de pensée systémiques. À ce titre, ils sont indissociables du fonctionnement de l’esprit humain. Ils nous permettent de prendre des décisions et de porter un jugement rapidement. Toutefois, ils peuvent aussi affecter notre pratique de l’information, notre curiosité et notre esprit critique. Les connaitre est donc très important, et ce d’autant plus que certains acteurs – notamment les plateformes – s’appuient aujourd’hui sur leur existence pour fonctionner. Be My Media en liste plusieurs ci-dessous.
Plusieurs biais cognitifs qui peuvent affecter notre pratique de l’information
Étudiés depuis les années 1970 par les spécialistes de psychologie sociale et de sciences cognitives, les biais cognitifs sont à l’heure actuel mieux compris.
Le biais de confirmation
Également nommé “biais de confirmation d’hypothèse”, il pousse à privilégier les informations qui confirment des idées préconçues. Autrement dit, ce biais agit à la manière d’une prophétie autoréalisatrice : la personne ne trouvera ou ne sélectionnera que les informations qui confirme ses opinions, ses croyances, sa position première.
Exemple : sous le coup du biais de confirmation, une personne favorable à un parti politique spécifique peut être amenée à ignorer des informations révélant des malversations internes à ce parti. Elle pourra par ailleurs chercher et accueillir favorablement des informations atténuant les accusations contre ce parti.
Le biais d’émergence de croyances irrationnelles
Une variante du précédent biais est le biais d’émergences de croyances irrationnelles, qui consiste à croire ce qui nous arrange même si cela ne repose sur aucun fondement.
Exemple : une personne peut, pour se rassurer sur ‘état du monde, nier le dérèglement climatique et considérer que les informations relatives à ce sujet sont fausses.
Le biais des normes sociales
Dit aussi “biais de désirabilité sociale” ou “biais de conformisme”, il consiste pour une personne à se présenter de façon favorable à un public. Cela peut conduire à se conformer à une opinion majoritaire et à ne pas chercher ou considérer certaines informations qui viendraient contredire ce que l’on croit. On reproduit le comportement d’autres personnes en matière informationnelle.
Exemple : sous les injonctions plus ou moins conscientes de son entourage affectif et familial, une personne s’intéresse uniquement à certaines informations et pas à d’autres.
Le biais du messager
Initialement, ce biais – également appelé “sophisme génétique” – consiste à croire vraie ne information sans analyse du contenu, mais plutôt en fonction de l’émetteur (personne, institution, média). Dans le monde de la presse, cela pousse à porter un jugement sur une information en fonction de la personne ou du média qui la donne. Une variante de ce biais est le biais d’autorité, une tendance à surestimer l’opinion d’une personne considérée comme une référence sur un ou plusieurs sujets donnés.
Exemple : une personne qui s’identifie elle-même “de gauche” peut refuser de croire à un sondage publié par Le Figaro, un journal traditionnellement étiqueté “à droite”. Évoquons également les contenus complotistes contenant les allégations de pseudo-scientifiques : l’objectif est de donner confiance dans le messager pour mieux faire accepter la fausse information.
Le biais de corrélation
Il s’agit de la tendance à établir une relation entre deux éléments ou à exagérer un lien existant entre ces éléments.
Exemple : une personne peut être tentée de mettre en relation le taux de chômage et l’immigration, même si ces phénomènes sont complexes et distincts.
Le biais de stéréotype
Ce biais consiste à donner à tous les membres d’un groupe les mêmes caractéristiques, ce qui est évidemment préjudiciable pour interpréter correctement une information.
Exemples : une personne pourra remettre en cause de manière systématique toute information venant de tel ou tel journaliste car elle pense que “les journalistes sont les amis des grands patrons et des politiciens”.
D’autres biais cognitifs qui affectent notre pratique de l’information
Évoquons pour conclure quelques-uns des autres biais qui peuvent affecter notre pratique de l’information.
- Le biais de tâche aveugle : une tendance qui pousse une personne à se penser moins affectée que la moyenne par les biais cognitifs… or on y est généralement soumis tout autant, et notre lecture de l’information s’en trouve affectée.
- Le biais de distinctivité : une tendance à se rappeler mieux des éléments étranges que des éléments communs… or on ne peut analyser l’information uniquement à l’aune d’événements particuliers.
- Le biais de simple exposition : une tendance à éprouver un sentiment positif vis-à-vis de quelqu’un ou de quelque chose du fait d’une exposition répétée à cette personne ou cette chose… or une forte présence médiatique n’est pas forcément gage de vérité.
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